Dynamique harmonique
Parmi les conséquences de la série harmonique on va voir, aujourd’hui, comment une dynamique forte peut-être créée au sein d’une progression non tonale.
Ce que j’appelle dynamique harmonique, ou trajet harmonique est une façon de donner une direction aux séquences d’accords par le croisement des dimensions verticales et horizontales et en utilisant trois moyens que nous avons déjà vus, pour certains, dans les articles précédents:
- les fondamentales et leur place dans chaque accord
- le facteur de dissonance de chaque accord
- le mouvement des fondamentales en relation avec la force des intervalles selon la série harmonique
Le facteur de dissonance
En considérant un accord verticalement on peut établir son facteur de dissonance en calculant la moyenne de la force de tous les intervalles le composant.
Les index de dissonance sont établis, encore une fois, en fonction de la série harmonique sur une échelle de zéro à un: unisson et octave=0; quinte=0.08; quarte=0.15; tierce majeure= 0.33; tierce mineure=0.6; sixte mineure=0.5; sixte majeure=0.42; quarte augmentée=0.68; septième mineure=0.77; seconde majeure=0.85; septième majeure=0.94; seconde mineure=1.
Les intervalles plus grands que l’octave sont réduits à leurs équivalents à l’intérieur de celui-ci.
Le degré de dissonance sera exprimé par trois symboles: C, D et N pour: consonant, dissonant et neutre, respectivement.
On peut, et c’est parfois souhaitable, utiliser une échelle plus fine allant de 0.0 à 1.0.
La place de la fondamentale
Comme on l’a vu précédemment une fondamentale cachée peut-être trouvée dans un agrégat quel qu’il soit, selon une méthode que l’on peut lire ici.
On peut qualifier de fondamentale forte celle qui se trouve en bas de l’accord(accords 2, 3, 4, 6, 7). On peut l’estimer de plus en plus faible à mesure qu’elle « monte » dans l’accord(accords 1, 5, et surtout 8).
Le mouvement des fondamentales
Le mouvement des fondamentales pourra être établi selon la force des intervalles de la série harmonique. Voir ici.
Ici les pas de fondamentales seront successivement 2nde mineure, 3ce mineure, 2nde majeure, unisson, 3ce majeure, quarte, quinte. Le dernier pas de quinte descendante peut être vu, également, comme une quarte ascendante (Do-Fa).
La séquence ci-dessus commence donc par des intervalles entre les fondamentales qui sont faibles pour aller progressivement vers des pas plus forts jusqu’à finir par une quarte puis une quinte, Sol-Do-Fa qui évoque fortement une cadence tonale (II-V-I) alors que les accords en sont totalement éloignés.
Quelques exemples
Voici quelques exemples combinant l’évolution des dissonances, de la force des fondamentales et de leurs mouvements.
Pour des raisons techniques les logiques tonales ne sont pas toujours respectées pour l’affichage des altérations.
Cette séquence opère une évolution très progressive d’accords consonants à dissonants. On notera également l’évolution des intervalles entre les fondamentales, du moins fort (secondes majeures) vers une forte quarte descendante.
L’utilisation des fondamentales deux octaves en dessous équilibrera considérablement la séquence surtout dans les derniers accords dissonants en donnant notamment, une nette impression de résolution (cadence plagale) sur le dernier accord. On pourrait même parler d’effet de masque.
Cette séquence présente des dissonances en « dents de scie » montantes ou en « montagnes russes » c’est à dire alternant un accord consonant et un neutre puis en augmentant les dissonances. Les fondamentales terminent par un presque classique II-V-I sous des accords qui y sont étrangers.
Même remarque que précédemment. Noter que les fondamentales sont fortes sur les derniers accords, c’est à dire à la basse. La séquence se termine ici aussi par une cadence Sol-Do.
Mouvements forts des dernières fondamentales (II-V-I).
Ici encore on va des consonances vers les dissonances avec une fondamentale faible sur le premier accord, puis trois fondamentales fortes sur les trois derniers accords (à la basse) et qui forment, entre elles une tierce majeure puis une quarte descendante, intervalle assez fort dans la série harmonique et qui procure une sorte de cadence plagale (IV-I).
Pour terminer, voici un exemple, de couleurs harmoniques semblables, mais dont, ni les dissonances, ni les fondamentales ni leurs mouvements ne sont dirigés mais laissés au hasard.
Jean-Michel Darrémont
Bibliographie
« Techniques of the contemporary composer » David Cope ed. Schirmer
« Technique complète et progressive de l’harmonie » Julien Falk ed. Alphonse Leduc
« The Craft of Musical Composition » Paul Hindemith 1937 ed. New York: Associated Music Publishers
« Traité d’harmonie » Arnold Schoenberg ed. JCLatès
Bonjour,
Je suis utilisateur d’Open Music,et vous remercie pour vos articles sur les librairies non documentées, accompagnés de patches (OM-Alea,Chaos), ce qui comble une lacune.
De même, j’aurais aimé étudier et tester le patch qui figure en en-tête de cet article (série harmonique (4)). Mais le contenu des patches internes, verts et rouges, n’ apparaissent pas. Y-a-t’il moyen d’ y accéder ?
J ‘aurais la même demande pour le patch « add virtual fund » du 3me article – La fondamentale perdue- pour lequel je n’ arrive pas à comprendre le rôle des OM Loops « remove duplicates < 100 cts".
En vous remerciant encore pour l'ensemble de vos articles,
G. Lacot
Bonjour,
Je vous envoie ça volontiers. Bon, c’est un peu compliqué car il y a des patches dans les patches et les patches verts, comme vous le savez, ne sont pas dans le patch principal mais disséminés dans mon workspace, donc il vous manquera surement certaines parties. Mais le plus intéressant c’est de les refaire vous même. Cependant il devrait y avoir l’essentiel dans le dossier que je vous envoie si vous me laissez votre adresse email. Pas ici mais dans le menu contact.
Merci pour votre message.
JMD
« remove duplicates <100cts" est juste une fonction qui enlève les doublons dans une approximation inférieure au 1/2 ton.