Aujourd’hui je vais présenter quelques accords monstres. Certains sont bien connus, d’autres moins.
Le premier de ces accords monstres, construit sur un empilement de quartes. Un des plus simples qu’on a déjà beaucoup entendu; mais j’aime bien sa sonorité claire notamment en arpèges rapides.
Avec douze notes on obtient le total chromatique. Il n’y a donc pas de notes répétées.
Accord Bitonal Majeur: Fa# – Do
On notera la relation de quarte augmentée entre les fondamentales des deux accords.
Accord Bitonal Mineur: Dom – Fa#m
Relation de quarte augmentée, également.
L’accord « Mystique » ou « Prométhéen » de Scriabine.
Construit sur une gamme synthétique que le jazz appelle mode Lydien b7. Ou la « Gamme de Prométhée » en langage classique avec une légère différence (Sol absent).
Il s’agit d’un accord de six notes en quartes avec Quarte augmentée-quarte diminuée-quarte augmentée-quarte juste-quarte juste.
Contient le total chromatique en quatre triades mutuellement exclusives: Sol – Fa – Mib m – Réb m.
Deux triades majeures dans le bas et deux mineures dans le haut.
et enfin le fameux accord des Augures printaniers du Sacre du Printemps de Stravinsky qui est un Mib 7ème de dominante sur un accord de Mi bécarre majeur. Joué par des cordes staccato sur un rythme régulier perturbé par des accents savamment décalés.
Sonorité très impressionnante et très reconnaissable qui est, un peu, la signature sonore de l’oeuvre.
(A suivre…)
Jean-Michel Darrémont
Bibliographie:
Thesaurus of scales and melodic patterns Nicolas Slonimsky ed. McMillan
Points de repère I; Imaginer Pierre Boulez ed. Christian Bourgois. Lire la très intéressante analyse du Sacre du Printemps au chapitre Stravinsky demeure.
Les accords que vous montrez sont déjà beau à voir. Ne pourriez-vous les rendre sonores, pour comparaison ?
Merci pour l’extrait de Stravinsky
Jeep
C’est déjà suffisamment de travail. Il faut que le lecteur bosse, un peu. Ça lui fera du bien. 😀
Plus sérieusement. Des accords écrits comme ça ne veulent rien dire ou presque, en eux-même. Il faut les entendre dans une situation musicale pour se rendre compte de ce que ça donne.
En bref, c’est comme si un architecte vous montre une brique et vous dit: « Votre maison sera comme ça ». Il faut voir une autre maison construite avec cette brique pour se rendre, un tant soit peu, compte de ce que ça va donner.
Encore une fois tous ces exemples ne sont là que pour être assimilés, transformés, concassés, réutilisés, c’est à dire pour donner des idées.