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Autodidacte !

Qui sont les compositeurs autodidactes? Sont-ils nombreux dans l’histoire de la musique?

Peut-on être autodidacte et reconnu?

Un compositeur autodidacte est-il légitime?

Cet article présentera quelques uns des compositeurs qui sont, au moins partiellement, autodidactes en composition, c’est-à-dire, pour être précis, ceux qui n’ont pas eu de formation théorique ou suivi des classes d’écriture. Beaucoup d’entre eux ont, par ailleurs, reçu un enseignement instrumental.

Je n’ai retenu, bien sûr que les plus célèbres et reconnus, en remontant le temps, tous styles confondus, mais avec, bien sûr, un souci de qualité.

 

Frank Zappa(1940-1993)

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À tout seigneur, tout honneur, je commencerai par Frank Zappa, d’abord parce qu’il est l’un des plus proches de nous chronologiquement, mais aussi parce qu’il fut un autodidacte complet, revendiqué et même presque militant.

Il a fait beaucoup de déclarations sur le sujet, telle celle-ci: « Abandonnez l’école avant que vos esprits pourrissent de l’exposition à notre système éducatif médiocre. Oubliez les profs et allez à la bibliothèque pour vous éduquer vous-même si vous avez des tripes. »

Une autre: « Si vous voulez vous envoyer en l’air, allez au collège. Si vous voulez une éducation, allez à la bibliothèque. »

ou encore: « Ne soyons pas trop durs avec notre ignorance. C’est ce qui fait la grandeur de l’Amérique. »

« Si tu as une vie misérable et ennuyeuse parce que tu as écouté ta maman, ton papa, ton professeur, ton curé et je ne sais pas quel mec à la télévision qui t’a expliqué comment mener ta barque, c’est que tu le mérites. »

Mais aussi: « Sans transgression de la norme, il n’y a pas de progrès possible. Mais avant de chercher à transgresser efficacement, on doit au moins s’être familiarisé avec la règle, avec la norme dont on veut s’écarter. »

Beaucoup d’affirmations à l’emporte pièce, presque délirantes même, sûrement destinées à faire le buzz et avec lesquelles on n’est pas obligé d’être d’accord. Mais que serait une rock star sans outrances?

Sa première et grande influence fut Edgar Varèse qu’il commença à écouter dans son enfance et qu’il tenta de rencontrer dès l’âge de quinze ans.

Sa musique est très hétérogène (parfois dans une même composition), allant du Doo-Wop à la musique contemporaine, notamment sérielle, en passant par le rock.

Pour résumer: il s’est fait tout seul, vous l’avez compris, mais il est tout de même considéré par toute une génération de compositeurs contemporains, tel Pierre Boulez, comme un grand musicien, voire une source d’inspiration pour certains.

 

 

The Perfect Stranger  Ensemble Intercontemporain dir. Pierre Boulez

 

 

Hans Zimmer(1957)

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Hans Zimmer, compositeur allemand, naturalisé américain, est aujourd’hui considéré par beaucoup comme un des plus grands compositeurs de musique de film. Ce qu’on entend par « grand » reste à déterminer tant certaines de ses partitions peuvent sembler un peu lourdes, voire massives. Il n’en reste pas moins qu’il est l’auteur de musiques très créatives et novatrices parce que, justement, il est autodidacte. Il aurait, en quelque sorte, compensé l’absence de « savoir » par de l’intuition et de l’innovation ce qui fonctionne très bien au cinéma.

Il est, comme Zappa, totalement autodidacte, ne connaissant pas le solfège mais doté d’une forte attirance et d’un certain talent pour la technologie. Il débute aux claviers avec le groupe The Buggles et devient ensuite l’assistant du compositeur de musique de film Stanley Myers. Hans Zimmer se considère, dans certaines interviews, surtout comme un geek.

Il se fait connaître par sa partition novatrice sur Rain Man qui lui vaut une nomination aux Oscars. Viendra plus tard, son seul et unique Oscar à ce jour pour la musique du Roi Lion.

Il décide en Mars 2016 de ne plus participer aux blockbusters et autres superproductions américaines, expliquant qu’il avait de plus en plus de difficultés avec ce genre de scores. De lassitude peut-être, aussi?

 

 

 

 

Danny Elfman(1953)

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Danny Elfman est le compositeur quasi attitré des films de Tim Burton de la plupart desquels il a composé la musique.

Il fut le chanteur et le songwriter du groupe de rock Oingo Boingo.

En 1982 il écrit la musique pour le film Forbidden Zone réalisé par son frère Richard Elfman.

En 1985 Tim Burton lui demande de composer la musique de son premier long métrage: Pee-Wee Big Adventure. Le film est un succès. Burton et Elfman sont lancés.

Autodidacte, ses influences musicales sont: Bartok, Phil Glass, Lou Harrison, Carl Orff, Harry Patch, Sergei Prokofiev, Maurice Ravel, Erik Satie, Igor Stravinsky et Piotr Ilyich Tchaikovsky.

Il a reçu de nombreuses nominations aux Oscars et de nombreux prix.

Comment oublier le score de Mars Attacks! 

 

 

 

François de Roubaix(1939-1975)

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François de Roubaix devant un synthétiseur VCS-3 dans son home studio de la rue de Courcelles à Paris.

 

François de Roubaix, lui aussi autodidacte complet, commence à étudier, par lui-même, le jazz vers l’âge de 15 ans comme tromboniste. Son père, réalisateur de films institutionnels lui propose de composer pour lui.

Doté d’un remarquable sens de la mélodie et pionnier du home studio il va installer, dans son appartement parisien de la rue de Courcelles un équipement huit pistes dès 1972 où il travaille en profondeur les sonorités et le multi-instrumentisme. Son style fait de sonorités nouvelles lui apporte un énorme succès. Il est aujourd’hui, quarante ans plus tard, un compositeur culte et de nombreux musiciens utilisent des échantillons de ses musiques, notamment Dernier domicile connu.

Sa filmographie est impressionnante. Parmi beaucoup d’autres il faut noter:

On arrête là, mais il y en a énormément d’autres. La seule année 1967 le voit crédité de onze musiques de films. Avait-il le temps de dormir?

Il meurt en 1975 d’un accident de plongée, sport dont il était un grand passionné, au large de Ténérife.

Il reçoit pour son dernier score, Le Vieux Fusilun César en 1976, à titre posthume.

 

 

 

 

 

Toru Takemitsu(1930-1996)

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Magnifique Toru Takemitsu dont on se rappellera la très belle partition sur le film Ran d’Akira Kurosawa. Dont on se souviendra également, des nombreuses musiques instrumentales de concert.

Souvent considéré, à son corps défendant, comme un pont entre l’Orient et l’Occident, il est, outre ses nombreuses musiques de film, considéré comme le chef de file de la musique classique japonaise et reçoit, à ce titre de nombreux prix.

Son absence d’éducation musicale académique est à peu près complète, mais malgré cela il commence à composer dès l’âge de 16 ans.

« … Je commençai [à écrire] la musique, attiré par la musique elle-même en tant qu’être humain. C’est en étant dans la musique que je trouvai ma raison d’être humain. Après la guerre, la musique était la seule chose. Le choix d’être dans la musique à clarifié mon identité. »

Ses influences vont des musiciens français (Debussy, Satie, Messiaen) à Cage en passant par la musique traditionnelle japonaise.

Bien qu’il étudiât brièvement avec Yasuji Kiyose en 1948, Takemitsu restera très largement autodidacte pour le reste de sa carrière.

Il faut visiter la page Wikipedia en anglais le concernant. Elle est beaucoup plus riche que son équivalente francophone.

Liste des œuvres de Toru Takemitsu.

 

 

 

Paul McCartney(1942)

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Paul McCartney On The Run Tour

 

Comment ignorer Paul McCartney, autodidacte, auteur d’inoubliables mélodies, multi-instrumentiste et honoré par tant de prix et de distinctions. En voici la liste. Parmi eux je retiendrai:

  • Docteur honoris causa en musique de l’Université de Yale aux USA.
  • Docteur honoris causa en musique de l’Université du Sussex en Grande-Bretagne.
  • Prix Gershwin de la chanson populaire remis par La Bibliothèque du Congrès Américaine.
  • 21 Grammy Awards.
  • Une étoile sur le Hollywood Walk of Fame.
  • Membre de l’Ordre de l’Empire Britannique.
  • Élevé au rang d’Officier de la Légion d’honneur, par François Hollande pour services rendus à la musique.

…etc, etc… on y passerait la journée…

Né dans une famille dont le père était musicien amateur, Paul dit avoir beaucoup traîné et rêvassé près du piano sur lequel celui-ci jouait des standards de jazz. Il fondera, plus tard, les Quarrymen puis, rapidement, les Beatles. C’est la seule éducation musicale qu’on lui connaisse…

On ne raconte pas la suite, vous la connaissez…

Disons simplement que son succès fut et reste encore, immense.

 

 

 

 

Yannis Xenakis(1922-2001)

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Iannis Xenakis n’est pas totalement autodidacte mais son apprentissage musical académique, bien que de haut niveau, reste toutefois très court.

Grec d’origine, né en Roumanie, il est à Athènes en 1938 où il prépare l’entrée à l’École Polytechnique.

Il suit des cours d’analyse, d’harmonie et de contrepoint avec Aristote Koundourov. Il réalise une transcription géométrique d’œuvres de Bach.

En 1940 il est reçu à l’École Polytechnique, mais le 28 Octobre, les troupes fascistes italiennes envahissent la Grèce. L’école est fermée.

Dès lors il s’engage dans la Résistance, adhère au parti communiste, est plusieurs fois emprisonné. Après la défaite des nazis, la Grèce est occupée par les anglais qui instaurent la loi martiale. Xenakis s’engage dans un bataillon de l’Armée Nationale Populaire. Il est grièvement blessé au visage par un éclat d’obus Anglais qui le laissera marqué à vie.

Remis de ses blessures, il reprend ses études et en février 1946 est diplômé de l’École Polytechnique en présentant un mémoire sur le béton armé.

De nouveau incarcéré il s’enfuit et se réfugie en France. En Grèce, il est condamné à mort par contumace. Son père et son frère sont emprisonnés.

En 1946, sur recommandation, il entre au service de Le Corbusier comme ingénieur. Parallèlement il cherche à étudier la composition et manquant de formation de base quant à l’éducation de l’oreille, à l’harmonie et aux techniques de composition il essaie de combler ses lacunes auprès de ceux qui voudront bien l’accepter comme élève et prend quelques cours avec Honegger, Milhaud, Nadia Boulanger et tente, toujours en vain, de participer au groupe de musique concrète de Pierre Schaeffer.

En 1951 il rencontre Messiaen, qui est très impressionné par la trajectoire et la personnalité de Xenakis, et lui demande de pouvoir suivre ses cours. Messiaen: « J’ai compris tout de suite qu’il n’était pas comme les autres.[…] Il était d’une intelligence supérieure. […] » Il demande à Messiaen s’il doit recommencer à étudier l’harmonie et le contrepoint. M: « Là, j’ai fait une chose horrible, extraordinaire, que je ne ferais pas avec d’autres, parce que je trouve qu’on doit faire de l’harmonie, qu’on doit apprendre à entendre et faire du contrepoint; mais c’était un homme tellement hors du commun! Je lui ai dit: « Non. Vous avez déjà trente ans, vous avez de la chance d’être Grec, d’avoir fait des mathématiques, d’avoir fait de l’architecture. Profitez de ces choses là, et faites-les dans votre musique. » Je crois finalement que c’est ce qu’il a fait. »   Il suivra les cours de Messiaen en 1952 et 1953.

Xenakis fut le premier Européen à utiliser un ordinateur pour composer de la musique.

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Xenakis avec l’UPIC: ordinateur de son invention avec entrée graphique et sortie électroacoustique.

 

Il crée la musique stochastique basée sur les probabilités mathématiques. Nous dirons pour simplifier que Xenakis n’agence pas des notes mais manipule des masses.

Il y a tant à dire sur ce compositeur qu’un article entier, voire plusieurs, seraient nécessaires pour éclairer un peu son œuvre.

On lui doit des partitions folles et visionnaires:

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Partition graphique, tracée à la main pour l’ordinateur UPIC, qui après analyse va générer une séquence sonore électronique.

 

Nous n’oublierons pas, non plus, son travail d’architecte et d’urbaniste:

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Le site officiel

Xenakis sur Deezer

 

 

 

 

 

 

Pierre Schaeffer(1910-1995)

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Pierre Schaeffer est né de parents musiciens qui, devant son désir d’entreprendre une carrière musicale, le découragent immédiatement et l’orientent vers des études d’ingénieur. C’est donc par force qu’il devient compositeur autodidacte, non sans décrocher un diplôme de Diffusion Radiophonique à l’Ecole Polytechnique en 1929 et à l’École Supérieure d’Électricité (Supélec, promotion 1931).

Il intègre en 1936 la direction de la Radio à Paris et tient une chronique sur la radiodiffusion dans La Revue Musicale.

Après avoir produit quelques émissions, il crée en 1944 avec Jacques Copeau un Studio d’essai consacré à l’expérimentation radiophonique. C’est là qu’il va commencer à expérimenter avec les divers équipements: sons à l’envers, ralentis, accélérés, filtrage, mixages et montages de sons (verticaux et/ou horizontaux) etc… C’est là, particulièrement, qu’il va faire l’expérience des boucles. Rappelons qu’en ces temps héroïques, celles-ci se faisaient sur des disques noirs en sillon fermé, de même, les premiers magnétophones, jusqu’au années 40 étaient à fil d’acier.

Magnétophone à fil TELECTRONIC 190 « Electronic Memory »

Pour résumer, il est le créateur de la Musique Concrète qui à produit beaucoup de chefs-d’œuvre même si elle reste encore un peu méconnue du grand public.

Rappelons qu’au départ, dans les années 40-50 il y avait deux écoles: la Musique Électronique ou École de Francfort et la Musique Concrète ou École de Paris.

La première se constituait uniquement de sons électroniques obtenus par des oscillateurs, modulés par des filtres des générateurs d’enveloppe etc.. exactement comme un synthétiseur moderne sauf qu’on se situait, à l’époque, à l’échelle du studio. L’électronique intégrée n’existant pas encore, chaque module était un appareil électronique séparé occupant beaucoup de place.

La seconde manipulait uniquement des sons concrets, c’est-à-dire des sons enregistrés dans la nature ou en studio.

Les deux écoles étaient antagonistes et concurrentes, on faisait de la musique concrète ou de la musique électronique. Aujourd’hui, évidemment et heureusement cet antagonisme à totalement disparu et l’on parle de Musique Électroacoustique qui mêle à volonté les sources électroniques et concrètes.

Pierre Schaeffer est également le créateur du GRM, Groupe de Recherche Musicale bien connu de tous et concepteur des extraordinaires GRM Tools qu’utilisent beaucoup de compositeurs d’aujourd’hui.

Sur tous les sujets précédents on ne peux, encore une fois et malheureusement, que vous recommander l’article Wikipedia en anglais sur la Musique Concrète tellement plus riche que ses équivalents francophones.

 

Pierre Schaeffer à propos de la musique concrète en 1959. (désolé pour la pub; je n’en suis pas responsable…)

 

Piere Schaeffer et Pierre Henry Orphée(1953)

 

 

 

John Cage(1912-1992)

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John Cage est un compositeur, théoricien, poète et artiste américain. Il est le pionnier de l’indétermination en musique, de la musique électroacoustique et de l’usage non-standard des instruments de musique. Il est également considéré comme l’inspirateur du mouvement Fluxus et c’est à ce titre qu’il va influencer non-seulement la musique mais tout le champ des arts de la deuxième moitié du XXème siècle. La critique l’a qualifié de compositeur le plus influent du XXème siècle.

Il apprend le piano auprès de sa tante Phoebe puis se destine à devenir écrivain. Il fréquente alors, le Pomona College qui est une école d’art (qui recevra plus tard Franck Zappa). Il y découvre les travaux de Marcel Duchamp, James JoyceHenry Cowell et du philosophe Ananda Coomaraswamy. En 1930 il quitte le collège avant même d’avoir obtenu aucun diplôme suite à un incident qu’il relate dans son autobiographie:

« Je fus choqué, au collège, de voir des centaines de mes compagnons de classe, à la bibliothèque, lisant et étudiant tous le même ouvrage. Au lieu de cela, j’allai dans les rayons et pris le premier livre dont le nom de l’auteur commençait par la lettre Z. Suite à ce travail je reçus la meilleure note de la classe. J’en fus convaincu que l’institution n’était pas bien tenue. Je décidai de la quitter. »

Il effectue alors un voyage en Europe. Il y restera 18 mois, principalement à Paris puis en Italie, Allemagne, Espagne et aux Baléares où il commence vraiment à composer.

De retour aux USA il commence ce qui restera son seul apprentissage académique: il prend des cours avec Arnold Schœnberg qui lui dispense gratuitement son enseignement. Plus tard, interrogé sur ses années d’enseignement aux États-Unis, Schoenberg dira qu’il n’avait aucun élève intéressant, « sauf un… John Cage. Mais il n’est pas compositeur, c’est un inventeur de génie… ».

Cage va rapidement fréquenter les milieux de la danse, notamment Merce Cunningham et commencer à enseigner à Mills College.

Pour en savoir plus sur John Cage, il faut lire cette une série de quatre articles que je lui ai consacré en 2014.

Passionnant documentaire sur l’univers de Cage:

 

Amores pour 3 percussions et piano préparé

 

 

 

 

 

Arnold Schoenberg(1874-1951)

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Aussi surprenant que cela puisse paraître, Arnold Schoenberg était avant tout autodidacte. Il se qualifiait d’ailleurs lui-même comme tel.

Celui qui va bouleverser le langage de la musique occidentale au XXème siècle en faisant éclater la tonalité par le dodécaphonisme puis le sérialisme aurait seulement pris quelques cours de contrepoint avec le compositeur Alexandre Zemlinsky. Pas de conservatoire ni d’autre parcours académique.

Dans sa vingtaine, Schœnberg gagne sa vie en orchestrant des opérettes tout en composant sa propre musique telle la Nuit Transfigurée(1899) qui est considérée comme la plus importante de ses premières œuvres.

Après les Gurre-Lieder (1899), Richard Strauss et Gustave Mahler le reconnaissent comme un compositeur important, mais c’est le Pierrot lunaire (1912), pour soprano et huit instruments solistes, qui va l’établir définitivement en tête des compositeurs les plus influents de son temps. Mahler va d’ailleurs le considérer comme son protégé et l’aider autant qu’il le pourra. L’Europe musicale se divise en atonalistes et anti-atonalistes. Plusieurs concerts feront scandale et seront perturbés.

A l’arrivée des Nazis au pouvoir, considéré par ceux-ci comme artiste « dégénéré » et d’origine juive, il est obligé de quitter Vienne et l’Autriche pour les Etats-Unis où il composera et enseignera, à Los Angeles, dans une certaine solitude et un relatif dénuement, jusqu’à sa mort en 1951.

Comble pour un autodidacte, Schœnberg fut un théoricien très important et enseignera à quelques-uns des plus grands compositeurs du XXème siècle: Alban Berg, Anton Webern, Hanns Eisler et, plus tard, John Cage, Lou Harrison, Leon Kirchner

Pour l’anecdote et pour éclairer un peu plus la personnalité d’Arnold Schœnberg il faut rappeler qu’il vivait, à Los Angeles, à seulement quelques blocs d’Igor Stravinski et qu’il le détestait car il le jugeait futile. Il refusait absolument de le voir. Stravinsky, de son côté, saura lui rendre hommage après sa mort.

Liens

What caused the strained relationship between Arnold Schœnberg and Igor Stravinsky

 

La Nuit Transfigurée dir. Pierre Boulez

 

 

 

Piano Concerto n°42 Jeffrey Tate, Mitsuki Uchida

 

Concerto pour violon Pierre Boulez; Michael Barenboim

 

 

 

 

 

 

 

Henry Cowell(1897-1965)

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Henry Cowell est un compositeur, pianiste, théoricien, éditeur et imprésario américain.

Sa contribution à l’histoire de la musique a été résumée par Virgil Thompson par ces mots:

« La musique d’Henry Cowell couvre un éventail large de techniques d’expression plus que celle de tout autre compositeur vivant. Ses expériences ont commencé il y a trois décennies dans le rythme, l’harmonie, et les sonorités instrumentales qui étaient considérées alors par beaucoup comme sauvages. Aujourd’hui, ils sont la Bible des jeunes musiciens et aussi, des conservateurs, « avancés . »… Aucun autre compositeur de notre temps, n’a produit un corpus d’œuvres si radical et si normal, si pénétrant et si compréhensif. Ajoutez à cette production massive sa longue et influente carrière de pédagogue, et les réalisations d’Henry Cowell sont en effet impressionnantes. Il n’y a rien de comparable. Il est donné à peu de monde d’être à la fois fécond et droit. »

Né de deux parents écrivains bohèmes, Cowell présente des talents musicaux précoces et commence à jouer du violon à l’âge de cinq ans.

Ses parents ayant divorcé il est élevé par sa mère mais garde le contact avec son père qui l’initie à la musique traditionnelle Irlandaise, son pays d’origine. Cette musique constituera un repère majeur tout au long de sa carrière. Bien que n’ayant reçu aucune éducation musicale académique, et d’ailleurs très peu d’éducation d’aucune sorte sinon celle de sa mère, il commence à composer dès l’adolescence. A l’automne 1914, âgé de 17 ans, il entre à l’université de Berkeley en Californie en tant que protégé de Charles Seeger, père du chanteur folk Pete Seeger. Il y étudie pendant deux ans l’harmonie et le contrepoint puis continue ses études à New-York avec le pianiste-compositeur d’avant-garde Leo Ornstein.

Pionnier de la musique moderne il a influencé les plus grands tels Béla Bartok, John Cage, Conlon Nancarrow, Edgar Varèse, Charles Ives, Georges Gershwin, Lou Harrison

 

Son apport à la musique du XXème siècle est considérable tel que: modes de jeu étendus à l’intérieur du piano (pizzicati, balayage et grattage des cordes, harmoniques…), clusters, atonalité, polytonalité, polyrythmie, modes extra-occidentaux, musique aléatoire…

 

Concerto pour piano et orchestre

 

 

 

 

Erik Satie(1866-1925)

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Éric Alfred Leslie Satie qui signe Erik Satie à partir de 1884 passe son enfance à Honfleur, sa ville de naissance. Il prend des cours d’orgue avec un oncle puis rejoint son père, qui était courtier maritime, en 1879 à Paris.

J’ai un peu hésité à faire figurer le gymnopédiste comme autodidacte, tant il à réellement essayé d’acquérir un bagage musical académique, mais dès son entrée au Conservatoire de Paris il est catalogué « sans talent » par ses professeurs. Sa technique de piano est jugée « insignifiante et laborieuse » et Émile Descombes le considérera comme « le plus paresseux étudiant du Conservatoire ». Il est renvoyé au bout de deux ans et demi puis réintégré à la fin de 1885. Malgré tout incapable de produire une meilleure impression dans l’institution, il devance l’appel et part faire son service militaire. Au bout de quelques mois il s’y fera réformer en contractant délibérément une congestion pulmonaire en exposant au froid sa poitrine nue. Plus tard, à l’âge de 39 ans, en 1905 et à la surprise générale, il s’inscrira à la Schola Santorum de Vincent d’indy pour y étudier le contrepoint classique:

« En 1905, je me suis mis à travailler avec d’Indy. J’étais las de me voir reprocher une ignorance que je croyais avoir, puisque les personnes compétentes la signalaient dans mes œuvres. Trois ans après un rude labeur, j’obtins à la Schola Cantorum mon diplôme de contrepoint, paraphé de la main de mon excellent maître, lequel est bien le plus savant et le meilleur homme de ce monde. »

En 1887, il s’installe à Montmartre et se lie d’amitié avec des poètes et des musiciens de l’époque comme Claude Debussy, Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine

Il rencontre en 1893 Maurice Ravel dont il dira: « Ravel vient de refuser la Légion d’Honneur, mais toute sa musique l’accepte. »

A partir de 1916 il commence à travailler avec Jean Cocteau sur le ballet Parade. Ils seront tous deux les pères spirituels du Groupe des Six qu’il va quitter rapidement. Il rencontre Picasso, Braque, avec qui il va travailler puis par l’intermédiaire de Tristan Tzara ce seront les dadaïstes: Francis Picabia, André Derain, Marcel Duchamp, Man Ray

On est parfois surpris de trouver des références au rosicrucianisme dans ses œuvres: Les sonneries de la Rose+Croix ou L’air du Grand Maître

Le 1er Juillet 1925 après des années de consommation excessive d’absinthe, Erik Satie meurt d’une cirrhose du foie que l’on dit soigneusement cultivée.

Toute sa vie il aura vécu dans la misère, qu’il dissimulait et qu’il appelait: « La petite fille aux grands yeux verts ».

 

Socrate(1918) probablement son chef d’œuvre

 

 

 

 

Edward Elgar(1857-1934)

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Compositeur britannique, Edward Elgar est généralement considéré, notamment dans les milieux académiques, comme autodidacte. Il se décrivait lui-même comme un outsider, à la fois musicalement et socialement.

Autodidacte, il ne l’est que partiellement, ayant reçu dans son enfance un enseignement du piano, de l’orgue et du violon. Son souhait le plus cher était de partir étudier au Conservatoire de Leipzig, mais son père n’aura pas les moyens financiers de subvenir à de telles études ce que, plus tard, The Musical Times qualifiera d’heureux événement pour la carrière d’Edward qui échappe ainsi au formatage et au dogmatisme académique.

Il dira plus tard avoir appris la musique à la cathédrale de Worcester ou de livres empruntés à la bibliothèque musicale quand il avait 8, 9 ou 10 ans.

Son activité de compositeur, commencée dès l’age de 10 ans, va grandir en réputation dans la décennie 1890. En 1899, à l’âge de 42 ans les Variations Enigma dont la première à Londres, sera donnée sous la baguette du prestigieux chef allemand Hans Richter, vont établir Elgar comme compositeur de premier plan.

La reconnaissance internationale va rapidement suivre avec des œuvres comme: « Le rêve de Gerontius«  et surtout les cinq marches « Pompe et circonstance » dont la première, reste la pièce la plus connue de son répertoire. Logiquement, une commande lui est faite pour la célébration du couronnement d’Édouard VII: la mise en musique de la Coronation Ode de A.C. Benson.

Le trio de la première Marche « Pomp and Circumstance » est incorporé à la Coronation Ode avec les paroles de A.C. Benson et les éditeurs, prévoyant le potentiel de l’œuvre vocale l’éditent séparément sous le nom de « Land of Hope and Glory« . L’œuvre, aujourd’hui encore, immensément populaire, est considérée comme l’hymne non-officiel de la Grande-Bretagne.

Il est nommé Master of the King’s Music en 1924.

 

Pompe et Circonstance, Marche n°1


 

 

Rimski-Korsakov(1844-1908)

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Compositeur russe principalement autodidacte, il entre à l’École de Mathématiques et des Sciences de la Navigation à Saint Pétersbourg à l’âge de 12 ans. Parallèlement il prend des cours de piano avec un professeur nommé Ulikh qui, décelant le potentiel de Rimski, le recommande à un autre professeur, Feodor A. Kanille qui commence à l’initier à la composition. Cependant le frère de Nicolaï, Voïn, lui aussi dans la marine, fait annuler les leçons de musique laquelle est très mal vue dans la famille.

Cependant Kanille l’encourage à poursuivre et le présente à Mili Balakirev, pianiste réputé et compositeur patriote. Il rencontre là un groupe de disciples constitué de Moussorgski, César Cui, Borodine auquel il se joint et qui constituera le Groupe des Cinq résolument orienté vers une musique nationale, inspirée de la tradition Russe, de ses chants et de ses danses.

Malheureusement il est appelé par la marine nationale à partir pour une campagne de trois autour du monde à bord du clipper Diamant. Il continue cependant à écrire pendant cette période et à faire parvenir ses manuscrits à Balakirev qui va diriger cette 1ère Symphonie qui remportera un vif succès. Revenu en Russie, il est affecté à terre à l’État major, pour des activités qui ne lui prennent que deux ou trois heures par jour. Il lui reste donc beaucoup de temps pour composer.

En 1868 il rencontre pour la première fois Tchaïkovski, alors peu connu, sur lequel le petit cercle porte un regard méprisant pour son éducation musicale très centrée sur les traditions occidentales.

A 27 ans, Rimsky-Korsakov est nommé professeur de composition et d’orchestration au Conservatoire de Saint-Pétersbourg il dira: « J’étais un amateur, et je ne savais rien » . Lors de ses premières années, il bluffe donc ses élèves et apprend en même temps qu’eux. « Au début mes élèves ne pouvaient se rendre compte de mon ignorance. Quand ils commencèrent à en être capables, j’avais acquis les connaissances qui me manquaient ! ». Il était finalement devenu son propre meilleur élève. Vous avez dit autodidacte?

En mars 1884, à 40 ans, mis à la retraite de la marine nationale, il rejoint Balakirev, directeur musical à la chapelle du palais impérial, en tant qu’adjoint. C’est à cette époque qu’il se met à étudier et enseigner sérieusement les techniques traditionnelles. Aux yeux de ses amis, il commet l’erreur de sombrer dans l’étude de techniques passées et dépassées, telle le contrepoint. Pour eux, il brade son héritage russe pour composer des formes occidentales archaïques. Borodine: « Nombreux sont ceux qui déplorent le fait que Korsakov retourne sa veste, se noie dans des études d’antiquités. Je ne lui en veux pas, c’est compréhensible… ». De son coté, Tchaïkovski est plus favorable, mais il le prévient tout de même de ne pas laisser son talent naturel se faire submerger par l’académisme: « Soit un maître génial va naître de ces études, soit il va sombrer dans des tours de passe-passe contrapuntiques ».

Il va enseigner aux plus grands: Glazounov, Stravinski, Prokofiev, Respighi. Maitre incontesté de l’orchestration il va influencer d’autres très grands: Ravel, Debussy, Paul Dukas

 

Scheherazade

Le vol du bourdon par Yuja Wang

 

 

Moussorgski(1839-1882)

autodidacte

Membre du Groupe des Cinq, on a quelquefois tendance à penser que Moussorgski était un élève ou un disciple de Rimsky-Korsakov. Peut-être parce que certaines de ses œuvres ont été orchestrées (Khovantchina) ou ré-orchestrées par lui (Boris Godounov). Ils étaient en fait très proches et furent même longtemps colocataires, les journées pour les activités individuelles et le soir pour le travail collectif. Pour compléter, disons que plusieurs compositeurs, à commencer par Rimski et Tchaikovski ont relevé, tout en reconnaissant la très grande originalité et l’enracinement Russe de la musique de Moussorgski, son manque de technique. Il est considéré comme un autodidacte de génie.

Originaire d’une famille noble, Modeste Moussorgski, apprend dès l’âge de six ans, le piano avec sa mère. Il progresse très rapidement. Envoyé à Saint Petersbourg à 10 ans, pour parfaire son éducation, il poursuit ses études de piano avec Anton Gerke. En 1852, à l’âge de douze ans il publie une pièce pour piano, Porte-enseigne Polka, à compte d’auteur financé par son père.

Dans la tradition militaire aristocratique familiale, il entre à l’âge de treize ans à l’École de cavalerie Nicolas lieu d’élite et en même temps lieu brutal pour les nouvelles recrues.

La musique reste importante pour lui. Il est autorisé à prendre des leçons privées. Entre 17 et 19 ans il rencontre Cesar Cui puis Mily Balakirev. Ce dernier à une forte influence sur lui et en quelques jours forge le destin musical de Moussorgski.

Au bout de quelques mois il démissionne de l’armée et se consacre entièrement à la musique. Très autodidacte à propos de la théorie – il ne connaît, bien que brillamment, que la technique du piano – Balakirev va lui enseigner les formes, l’harmonie à travers l’analyse des musiques de Schuman, Schubert, Glinka, et l’ouvrir à des formes musicales plus radicales et plus récentes.

Aujourd’hui plus populaire que les autres membres du Groupe des Cinq on lui doit des chefs-d’œuvre d’un grand caractère:

 

Miné par un alcoolisme chronique important, son déclin est rapide et il meurt en 1881 à l’âge de 42 ans.

Sa musique est, aujourd’hui encore, toujours très populaire et très jouée.

 


 

 

Borodine(1833-1887)

autodidacte

 

Autodidacte assumé, Borodine disait de lui-même: « Je suis un musicien du Dimanche. »

En effet, Il apprend à jouer très jeune mais en autodidacte, de la flûte, du piano et du violoncelle. Il commence également à composer très jeune: Hélène (polka) à 9 ans puis un Concerto pour flûte et piano et un Trio pour deux violons et violoncelle à l’âge de 13 ans.

Diplômé de l’Académie médico-chirurgicale en 1856, il fait un bref passage au 2ème Hôpital Militaire d’Infanterie, où il s’évanouira en soignant ses premiers blessés.

En 1856 il rencontre Moussorgski. Sous son influence, Borodine consacre beaucoup plus de temps à la musique.

En 1860 pour quelques mois, il vient à Paris suivre les cours de Claude Bernard et de Pasteur.

Comme compositeur, ses influences sont Mendelssohn et Schumann. Il va rapidement intégrer le Groupe des Cinq dont nous avons parlé plus haut.

Borodine est un compositeur qui a assez peu composé, mais dont les œuvres sont passées à la postérité. Citons:

 

Borodine poursuivait une carrière parallèle dans les sciences, il a publié d’importants articles de chimie. Il a notamment découvert la condensation aldolique.

 

Les Danses Polovtsiennes du Prince Igor

 

 

Mozart(1756-1791)

autodidacte

 

Aïe. Comme il est difficile de toucher à une telle icône, à un tel symbole de génie absolu. Pourtant, on a beau chercher, on ne lui trouve d’autre éducation musicale que celle de son père, Léopold Mozart.

On peut donc le dire d’après nos critères, Mozart était autodidacte… En tout cas largement autodidacte, même s’il a fait des rencontres et subi des influences, comme celle Johann Christian Bach à Londres, qui lui fait découvrir le pianoforte et lui apprend à construire une symphonie.

Il faut dire que le terrain était favorable. Une oreille absolue dès l’âge de trois ans. Il apprend le clavecin à cinq, puis le violon, l’orgue et la composition. Toutes activités dont il deviendra un virtuose dès l’enfance. Il sait déchiffrer une partition à vue avant même de savoir lire et écrire.

Entre cinq et six ans il compose ses premières œuvres pour piano KV.1 à KV.5. À quatorze ans, il aurait parfaitement retranscrit le Miserere de Gregorio Allegri, œuvre relativement complexe qui dure une quinzaine de minutes, en ne l’ayant écouté qu’une ou deux fois.

Dès 1766 son père l’entraîne, dans ce qu’on appelait à l’époque le Grand Tour, et qui était là un grand périple musical à travers toute l’Europe durant lequel les exhibitions du jeune prodige impressionnaient beaucoup les auditeurs et qui furent déterminantes dans la formation du jeune Mozart en lui permettant de recevoir de nombreuses influences musicales.

Je ne poursuivrai pas plus la biographie de Mozart, il y a tant d’excellents ouvrages sur la question.

Il faut juste savoir que cet autodidacte de génie est mort à 35 ans et qu’il a composé une œuvre impressionnante en si peu de temps: 626 œuvres répertoriées dans le catalogue Köchel.

 

 

 

 

 

La célèbre Marche turque réarrangée par Arcadi Volodos et jouée par Yuja Wang.

 

 

 

 

 

Bach(1685-1750)

autodidacte

« S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu. » Emil Cioran

Peu connu de son vivant et tombé dans l’oubli pendant presque deux siècles, Johann Sebastian Bach est issu d’une longue lignée de musiciens qu’on peut remonter jusqu’à Veit Bach, meunier et musicien du XVIème siècle.

Orphelin à dix ans, il reçoit principalement de son frère, organiste qui l’élève, une bonne formation musicale à l’orgue, au violon(par son père) et au chant. Il reçoit également des enseignements du lycée et des nombreuses personnalités musicales qu’il rencontre. Mais c’est surtout par l’étude et la recopie manuscrite des partitions d’autres compositeurs qu’il apprendra son métier et deviendra un érudit de toutes les cultures musicales européennes. C’est en ce sens qu’on le considère comme autodidacte. Autodidacte par volonté.

On connaît la suite: en 1708 il est Konzertmeister à Weimar, en 1717 Maître de Chapelle(Kapellmeister) à la cour du Prince Léopold et en 1723 Cantor à l’Église Saint Thomas de Leipzig, poste qu’il occupera pendant 27 ans c’est-à-dire jusqu’à sa mort.

De style baroque, l’œuvre de Bach est un monument de la musique de tous les temps. Travailleur acharné et virtuose de plusieurs instruments, Bach était aussi un grand improvisateur, capable, par exemple, d’improviser sur le champ et avec un thème donné une fugue à trois voix. Il a développé l’art et la science du contrepoint à un niveau jamais atteint alors et jamais dépassé depuis.

Après une longue période, il sera sorti de l’oubli par Felix Mendelssohn qui fit rejouer la Passion selon saint Matthieu à Berlin en 1829. L’œuvre sera publiée l’année suivante. Les romantiques reprendront ensuite cet héritage en l’adaptant au goût de l’époque.

Depuis, son œuvre reste comme une référence absolue de la musique occidentale.

 

 

Très bonne version de La Passion selon Saint Matthieu par Philippe Herreweghe et le Collegium Vocale Gent

 

Le dos voûté, le visage près du clavier, chantant autant qu’il joue, Glenn Gould joue les Variations Goldberg(1-10).

 

 

Conclusion

Intéressant de constater comme les réponses associées au terme autodidacte varient d’un endroit à l’autre.

Sur certains forum, la tendance est plutôt: « personne n’est autodidacte » avec une définition assez stricte et exclusive, selon le dictionnaire: « s’instruire par soi même, sans professeur, sans maître… »  Un peu comme si on réfutait le terme.

Sur d’autres forums, c’est plutôt: « Tout le monde est autodidacte » ou « nous sommes tous autodidactes… » avec souvent le mot « aujourd’hui » accolé, ce qui sous-entend peut-être le rôle des technologies. Probablement lié, aussi, à des options esthétiques différentes.

Le verre totalement vide et le verre totalement plein…

Boulez disait: « Il faut être autodidacte par volonté et pas par hasard. » ce qui signifie qu’un compositeur n’est valable que s’il a étudié au conservatoire, de préférence dans un cursus complet, et qu’il fait l’effort, lâché dans la vie musicale, de tout oublier, de désapprendre, pour employer un mot à la mode. Condition nécessaire pour produire une musique possédant sa personnalité propre, son caractère propre. Sinon, on ne fait que répéter ce qui a été enseigné. Epigonisme. Dixit Boulez… (Relevés d’apprenti, Points de repère – Imaginer…)

Les sociologues distinguent, aujourd’hui, cinq courants de l’auto-formation (au sens large, pas seulement en musique):

_Autoformation intégrale: Autodidacte strict et exclusif tel qu’évoqué souvent sur ce forum. Apprendre en dehors de tout système ou institution exclusivement.

_Autoformation existentielle: Elle fait référence à la biographie, à l’histoire du sujet. Nous sommes au niveau de l’éducation permanente et pas forcément professionnelle.

Il s’agit d’apprendre au sein d’un dispositif de formation, Formation Ouverte et A Distance (FOAD), Atelier de Pédagogie Personnalisée (APP)… tout en développant son autonomie. L’enseignant-formateur n’intervient alors qu’à titre ponctuel comme un guide, facilitateur dans l’accession au savoir. Plusieurs termes existent pour qualifier ce genre d’autoformation : l’autoformation assistée (Bertrand Schwartz), l’autoformation tutorée (Philippe Carré).
Berkelee School of music. Cours de composition et d’orchestration en ligne https://online.berklee.edu/courses/interest/orchestration

Il s’agit d’apprendre par le biais des réseaux sociaux constitués (ex : les cercles d’études) en dehors des systèmes de formation formalisés. Chaque personne est libre d’adhérer ou non. L’autoformation est réalisée grâce au caractère collectif des échanges et des interactions sociales.

_Autoformation cognitive: Il s’agit du rapport à la métacognition « apprendre à apprendre ». L’intérêt est porté sur comment la personne réalise son propre apprentissage. C’est une sorte de méthodologie de l’apprentissage individuel.

Un chercheur, Georges Le Meur, parle de néo-autodidaxie. Dans cet article il différencie l’autodidaxie du passé et la néo-autodidaxie d’aujourd’hui. Intéressant: http://lllearning.free-h.net/A-GRAF/documents/lemeur2001.htm

On voit qu’il y a de multiples façons, plus ou moins rigides, plus ou moins souples, d’envisager l’autodidaxie et l’autodidaxie d’aujourd’hui n’est plus du tout celle d’hier.(numérisation, réseaux, réseaux sociaux, cours en ligne…)

Je vous renvoie aux liens à la fin de cet article.

 

Liens

_« L’autoformation » Wikipedia

_« The Pros and Woes of Being a Self-Taught Composer »  Dennis Báthory-Kitsz article pour New Music Box

_Les cours en ligne de la Berklee School of Music à Boston

 

 

 

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