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Slonimsky et Cage dans un ruban de Mœbius

 

Le « Thesaurus of Scales and Melodic Patterns » de Nicolas Slonimsky

En 1947 parait le « Thesaurus of Scales and Melodic Patterns ». A la fin des années 50, d’après la légende, John Coltrane demande à ses musiciens de cesser de pratiquer les gammes tonales, traditionnelles, pour celles du livre de Slonimsky, engageant, au même moment que Miles Davis avec Kind of Blue, sa musique et le jazz dans la voie modale. Cet ouvrage, objet singulier, sorte de Palais du Facteur Cheval de la musique contemporaine est l’œuvre de Nicolas Slonimsky, pianiste, écrivain, chef d’orchestre, compositeur et théoricien.

Biographie

Il nait à Saint Petersbourg, Russie en 1894. Fuyant la révolution Bolchévique en 1918, il arrive à Paris où il commence à travailler en tant que musicien. Il émigre aux USA en 1923 pour prendre un poste de répétiteur à la « Eastman School of Music » de Rochester dans l’état de New York, puis part en 1925 pour Boston pour travailler comme assistant du chef d’orchestre Serge Koussevitsky au Boston Symphony Orchestra.

En seulement quelques années, Slonimsky se fait un nom en tant que promoteur de LA musique moderne. Il défend la musique d’Edgar Varèse, Charles Ives, Henry Cowell… dirigeant leurs œuvres à travers le monde entier au début des années trente. Certains de ces concerts créèront au passage le scandale pour son plus grand plaisir. Malheureusement, pour ces mêmes raisons sa carrière de chef d’orchestre va vite décliner.

Heureusement il avait un autre talent: l’écriture. Il rédige, à cette époque, un grand nombre de volumes consacrés à la lexicographie musicale tels que Baker’s Biographical Dictionary of Musicians qu’il tiendra à jour jusqu’en 1992. Il présente son Thesaurus of Scales and Melodic Patterns avec très peu d’espoir de succès. Il est depuis plus de soixante ans avidement étudié et utilisé par les compositeurs, les arrangeurs et les improvisateurs de tous horizons…

Il a également composé de nombreuses courtes pièces illustrant souvent des idées musicales peu orthodoxes. Studies in Black and White(1928) dans laquelle la main gauche joue seulement les touches noires et la main droite les touches blanches, sans aucune dissonance. Les Minitudes(1971) et toute une série de chansons et de musiques pour la publicité qui sont toujours jouées en concert.

On peut caractériser l’œuvre de Slonimsky par le fait qu’il approchait tous les domaines d’une façon innovante et non-conventionnelle. Sa personne était empreinte d’espièglerie et d’humour. Tout son travail, toute sa personnalité jaillissent de l’esprit d’un savant et de l’âme d’un amuseur.

 

Le Thesaurus of scales and melodic patterns tel qu’en lui-même

Depuis longtemps les théoriciens de la musique ont suggéré la possibilité de former de nouvelles gammes en divisant l’octave en plusieurs parties égales. Domenico Alaleona, Alois Haba, Joseph Schillinger professeur de Gershwin, Glen Miller, Benny Goodman… -qui va développer tout un système de composition musicale– vont classifier un grand nombre de gammes basées sur des intervalles égaux et proposer des harmonisations de ces gammes.

Certainement pour rajouter au caractère savant de l’ouvrage, Slonimsky a adopté une terminologie grecque pour exprimer les intervalles de division d’une ou plusieurs octaves. Ces appellations, pour certaines, semblent surtout justifiées par le pédantisme et entravent surement quelque peu la mémorisation des gammes de cet ouvrage. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?

La voici:

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Le livre commence par une introduction expliquant le principe de division des octaves et successivement les notions d’Interpolation, UltrapolationInfrapolationInfra-InterpolationInfra-UltrapolationInfra-Inter-Ultrapolation, toutes basées sur la progression en Triton (division de l’octave en quarte augmentée).  Toutes ces interpolations et autres –polations s’appuient toutes sur les notes pivot données par les divisions de l’octave.

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Deux formules sont utilisées pour l’harmonisation des gammes et des patterns: l’une par triades majeures et l’autre par accords de septième.

Dans l’harmonisation par triades majeures seules sont utilisées les positions avec fondamentales à la basse. A la mélodie peuvent seulement apparaitre la fondamentale, la tierce ou la quinte. Elles sont dénommées respectivement Octave, Tercian ou Quintan et sont représentées par les chiffres 8, 3 et 5. Quand la mélodie monte, diatoniquement ou chromatiquement, les positions changent de l’Octave à la Tercian à la Quintan à l’Octave… Quand la mélodie descend l’ordre des positions est inversé. De plus l’ordre des positions peut-être inversé à la fin d’une cadence même en mouvement ascendant. Quand la mélodie est stationnaire, l’ordre des positions est libre. L’harmonie résultante traverse plusieurs tonalités dans une succession d’accords majeurs. Ce type d’harmonisation est utilisé par Debussy et Moussorgsky parmi d’autres compositeurs.

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Le deuxième type d’harmonisation est effectué par « master chords ». Ce sont des accords de septième de dominante sans quinte.

Ces « master chords » sont donnés dans le tableau suivant et indexés par un chiffre entouré d’un cercle.

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Voyons maintenant comment l’employer.

Bon, autant ne pas vous cacher la réalité plus longtemps, c’est plutôt « surprenant » mais plus on s’y met tôt et plus vite on est débarrassés.

Au lieu de mes explications je vous laisse avec le texte original et surtout quelques vidéos, vous comprendrez mieux:

http://www.lapetitedistribution.org/archive/Nicolas_Slonimsky.pdf

 

Use the Slonimsky book to create augmented ideas

 

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Une rareté: Nicolas Slonimsky sur scène avec Franck Zappa. Audio seulement.

Nicolas Slonimsky retourne en Russie avec sa fille  Electra.

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