Consonances et dissonances
Dans l’harmonie traditionnelle le flux et le reflux, c’est à dire le contrôle des consonances et des dissonances représente un aspect majeur du discours musical. Néanmoins, la perception de ces attributs, assez dépendants du contexte et de la subjectivité empêche de former des définitions strictes, parfaites. Un accord de 7ème (Do Mi Sol Sib), par exemple, peut être perçu de différentes manières selon le contexte. Considéré comme « instable » dans l’harmonie classique, un accord de septième de dominante sera parfaitement « stable » dans un contexte Jazz ou Blues (Jef Gilson 1978). Cependant, une grande part de ce que l’on pourrait nommer « objectivité » peut être déduite de l’examen de la série harmonique et la comparaison des accords en termes de « consonance » et « dissonance » peut-être très utile et inspirant. Les exemples ci-dessus montrent cinq catégories d’intervalles. Le premier, les intervalles dits « consonances parfaites » montre les intervalles présents parmi les quatre partiels les plus bas de la série harmonique. Parmi eux, la Quinte représente la « pierre d’angle » de l’harmonie traditionnelle. Parce que la note la plus haute de la Quarte (Do) est la fondamentale de l’accord Sol-Do (comme nous l’expliquerons plus loin à propos des fondamentales cachées) elle est parfois considérée comme un intervalle dissonant nécessitant résolution. Le registre, ou l’espacement entre les notes est un aspect très important dans la perception des intervalles. Ainsi avec les mêmes notes, la disposition élargie sera beaucoup moins dissonante que la disposition resserrée.
Le timbre et la dynamique jouent également un rôle très important. Deux hautbois jouant très fort une seconde majeure seront facilement perçus comme plus dissonants que deux flûtes jouant doucement une seconde mineure.
Le calcul des fondamentales
Grâce à la série harmonique on peut trouver la fondamentale d’un accord ou d’un agrégat de notes quelconque ce qui permet de le traiter d’une façon assez proche de l’harmonie traditionnelle mais cependant bien loin des sentiers battus. Elle favorise l’exploration d’espaces harmoniques personnels tout en gardant une cohérence perceptible. Les accords ayant ainsi « retrouvé » leur fondamentale sonnent d’une façon plus ample, plus cohérente, moins dissonante, particulièrement avec la deuxième méthode. Il existe (au moins) deux méthodes:
- La fondamentale cachée, qui est une note présente dans l’accord mais peut-être difficile à trouver intuitivement si l’accord est dense ou non traditionnel. Par cette méthode, elle peut-être calculée sur le papier ou même de tête.
- La fondamentale manquante, qui est une note souvent absente et que l’on rajoute à l’accord. On l’appelle aussi « fondamentale virtuelle ». Elle nécessite l’installation d’Open Music, un logiciel de CAO gratuit développé par l’IRCAM.
Les deux méthodes donnent des résultats un peu différents. Selon le contexte et l’oreille de chacun on préfèrera l’une ou l’autre. Nous regarderons en détail les deux méthodes de calcul des fondamentales dans le prochain article.
Jean-Michel Darrémont
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Perception des structures harmoniques
Bibliographie
« Techniques of the contemporary composer » David Cope ed. Schirmer
« Technique complète et progressive de l’harmonie » Julien Falk ed. Alphonse Leduc
« L’harmonie du Jazz » Jef Gilson ed. Palm